Un heureux chanvrier, Guillaume Guieu
L’image ne manque pas de piquant. En bas de la Canebière (1er), une artère dont le nom vient justement du provençal canebe (cannabis), quelques beaux pieds de chanvres dardent leurs feuilles, dans des jardinières montées à la hâte.
Au-dessus, on croise ce vendredi un heureux chanvrier, Guillaume Guieu, 32 ans, qui, depuis quatre ans, cultive en toute légalité deux hectares de terres à Lauris (84). Huiles contre l’anxiété, l’insomnie, cosmétiques, produits alimentaires : transformé, le chanvre, cette plante qui sait toute faire, est ensuite revendu à la myriade de boutiques de CBD qui fleurissent en ce moment en France.
Par exemple à celles de Mao Aoust, 24 ans, un jeune entrepreneur marseillais dont la start-up, High Society, a déjà ouvert près de 90 points de vente. Un succès fulgurant en partie ouvert par “l’arrêt Kanavape” : la Chambre criminelle de la Cour de cassation avait considéré que puisque le CBD n’était pas considéré comme un stupéfiant, la France ne pouvait en interdire l’importation et la commercialisation. Ni, donc, condamner pour cela les deux jeunes patrons de Kanavape, les Marseillais Sébastien Béguerie et Antonin Cohen-Adad, inventeurs de la première vapoteuse électronique au chanvre; il y a quelques jours, ils ont d’ailleurs été définitivement relaxés, après sept ans de combat judiciaire éprouvant.
Pourtant, les déboires du CBD, cette molécule du cannabis, mais n’en présentant pas les effets psychotropes, ne sont pas finis pour autant : toute la filière française (1 700 boutiques, 600 cultivateurs spécifiques) est actuellement vent debout alors que le gouvernement souhaite interdire la vente aux consommateurs de fleurs et de feuilles de chanvre brutes. Or, “cela représente 70 à 80% du chiffre d’affaires des boutiques”, souligne Me Charles Morel, avocat au barreau de Paris et président de la jeune Union des professionnels du CBD.
